MAISON FURIEUSE : MANIFESTE

Maison Furieuse se constitue sur la base traditionnelle d’un bureau de production. Elle offre une aide à la structuration, à la gestion de production et adresse ces services à quiconque aurait une pratique esthétisante : dans diverses disciplines artistiques, à l’attention d’artistes, de créateurices ou de personnes/collectif créant des œuvres, des évènements, des soirées... Ses missions peuvent aller du conseil ponctuel à la production déléguée d’évènement en passant par le développement d'outils et de process.


Cependant, Maison Furieuse entend renouveler la profession de chargé.e de production en fondant son travail sur ces principes :

L’autonomie et l’autogestion des artistes comme ligne d'horizon : œuvrer à toujours rendre possible la réappropriation par les créateurices de leurs moyens de production (notamment leur instrument et outils de travail). Pour favoriser cette pleine possession, Maison Furieuse revendique la mise à disposition gratuite et en open source d’outils de gestion, de kits et de notices, pour un usage autonome et simplifié par les artistes

L’apprentissage mutuel comme une nécessité. Maison Furieuse considère la pratique professionnelle comme l’endroit d’un apprentissage permanent. Elle souhaite remédier aux positions d’expertise du gestionnaire sur les artistes et œuvrer pour une horizontalité dans la collaboration, qui est toujours l'occasion d’un échange des savoirs. Plus que des connaissances, c’est avant tout de temps pour les acquérir dont un.e artiste a besoin. Elle reconnaît que les métiers de la production sont aussi des occasions d’apprentissage et de partage de ces savoirs avec les artistes.

La politisation des moyens de production résulte du constat suivant : les chargé.es de production ou artistes sont contraints à des statuts souvent esseulant (auto-entreprenariat notamment) dans une économie libérale et concurrentielle. De plus, Maison Furieuse considère que les pratiques esthétisantes et leurs outils de production, au même titre que celleux qui les exercent, sont de facto inscrites dans un environnement aux normes systémiques et oppressives. Dès lors, Maison Furieuse juge nécessaire d’adopter une déontologie qui reconnaît et priorise et les créateurices minorisé.es et précarisé.es. Cela se traduit par le choix d’un modèle économique solidaire (pour Maison Furieuse), par la mise en place de permanences juridiques gratuites ou encore de fonds de mutualisation ou de solidarité.

Une pratique esthétisante réflexive inscrit Maison Furieuse dans la tradition de la recherche appliquée ; encourageant ainsi l’interrogation et la critique de l’environnement dans lequel les créateurices évoluent, Maison Furieuse considère qu’une pratique n’est accomplie vertueusement que si elle est réflexive et critique. Maison Furieuse veut créer un espace où l'on ne fait pas que travailler mais où l’on se demande comment et avec qui. Cela se traduit par la mise en place de journées d’étude, de table rondes, de rencontres et de mises en réseau professionnelles.

De fait, Maison Furieuse n’est pas seulement un bureau de production. Ses principes clefs mettent en place des mesures et des dispositifs avec et pour les créateurices. Les artistes ne sont pas perçu.es comme des usager.ers ou des client.es mais bien comme les membres d’une maisonnée. Maison Furieuse transforme les métiers de la production par de nouvelles façons d’accompagner et d’équiper la création dans notre réalité économique et politique.


Faustine Guyard